« Le moral est au plus bas » : un employé de Rockstar dévoile l’envers du décor de GTA 6

C’est désormais officiel : Rockstar Games a confirmé le report de GTA 6 au 19 novembre 2026, invoquant la nécessité de “garantir la meilleure expérience possible au lancement”. Mais derrière ce communiqué officiel, la situation en interne semble bien plus tendue.

Des vétérans du studio ont été licenciés, certains présents depuis plus de quinze ans, et le moral des équipes serait au plus bas. Un employé anonyme a pris la parole sur GTA Forums pour décrire un climat de peur et d’incertitude au sein de Rockstar, sur fond d’accusations de répression syndicale et de licenciements jugés abusifs.

Un employé de Rockstar balance tout sur les coulisses de GTA 6, et c’est pas joli-joli

Le développement de GTA 6 est loin d’être un long fleuve tranquille. Ce n’est un secret pour personne : les dernières années ont été marquées par les reports, les fuites et les départs en interne. Mais la situation semble s’être encore tendue ces dernières semaines.

Comme l’a révélé Bloomberg, plusieurs employés ont récemment été remerciés par Rockstar Games. Selon le studio, il s’agirait de licenciements pour faute grave, liés à la divulgation d’informations confidentielles sur ses projets en cours. Pourtant, si l’on en croit certains témoignages internes, la réalité serait bien différente.

Sur GTA Forums, un employé connu sous le pseudonyme Organize (qui a souhaité rester anonyme pour des raisons évidentes, mais dont l’identité a été vérifiée par le responsable du site) a livré une version radicalement opposée.

Il évoque une vague de licenciements ciblant plus de 34 salariés entre le Royaume-Uni et le Canada, qu’il décrit comme un acte de répression syndicale déguisé, survenu juste après que le mouvement des employés avait franchi le seuil légal pour engager un dialogue collectif avec la direction.

“Mes collègues présents au studio ont été contactés individuellement par les ressources humaines pour une petite réunion amicale (...) En assistant à cette réunion, ils se sont vus remettre une enveloppe contenant une lettre leur annonçant la fin de leur contrat pour ‘faute grave’, liée à des publications sur Discord. (...) Ils ont refusé leur droit à une représentation syndicale pendant l’entretien disciplinaire (ce qui est contraire au droit du travail britannique) et ont été escortés hors du studio en moins de cinq minutes.

Pour les collègues absents du studio ce jour-là, ils ont reçu un appel téléphonique de moins de deux minutes leur annonçant qu’ils étaient licenciés. Je connais un employé qui a fait une crise de panique à ce moment-là, et les RH ont raccroché pendant sa crise, sans se soucier de son état. Certains d’entre eux étaient en arrêt maladie, en convalescence après une opération ou en congé paternité. Licenciés sans salaire, perdant leur carrière et se retrouvant dans la précarité à l’approche de Noël, certains risquant même de perdre leur visa de travail au Royaume-Uni"

L’auteur précise que le serveur Discord privé évoqué par la direction n’était pas public et ne concernait pas de fuites de projet, mais des discussions autour de la syndicalisation et des conditions de travail.

“Soyons clairs ! Je n'ai jamais vu de discussion ou de fuite de projets Rockstar dans le Discord du Syndicat. La seule discussion concernait les efforts de syndicalisation et les conditions de travail chez R*. Le Discord n'était pas public. C'était un groupe Discord privé qui ne contenait que des employés R* et les responsables du Syndicat IWGB.

"C'était de l'antisyndicalisme et rien d'autre ! Toutes les personnes licenciées étaient membres du Syndicat, et elles provenaient également majoritairement de celles qui faisaient partie des comités d'organisation syndicale de chaque studio britannique.”

Des piliers du studio poussés vers la sortie

D’après le témoignage, les salariés concernés par les licenciements ne sont pas de simples recrues, mais des profils expérimentés occupant des postes clés.

“Ces collègues étaient des travailleurs acharnés qui ont passé de très nombreuses années chez R* dans des rôles cruciaux. Certains collègues étaient chez R* depuis plus de 18 ans et aucun d'entre eux n'a jamais eu de mesure disciplinaire pendant cette période. Ils ne sont pas facilement remplaçables et cela nous affectera certainement dans le respect de nos délais de projet.”

Selon cet employé, il s’agissait d’artistes, d’animateurs, de testeurs QA, de designers, de programmeurs et de producteurs, parmi lesquels plusieurs chefs d’équipe. Si ces affirmations sont exactes, la perte simultanée d’autant de collaborateurs seniors pourrait fragiliser la production de GTA 6, déjà repoussée à novembre 2026.

Un climat de peur dans les studios

Selon lui, le syndicat avait dépassé le seuil légal de 10 % d’adhésion quelques jours seulement avant la vague de licenciements, ouvrant la voie à des négociations collectives avec la direction. Depuis, la tension serait palpable dans les studios :

“Nous étions plus de 200 membres, soit plus de 10 % du personnel, ce qui nous donnait le droit d’entamer des négociations collectives avec la direction sur les sujets clés : le crunch, les salaires et la flexibilité du travail. Une semaine plus tard, plus de 34 d’entre nous étaient licenciés.

"Ceux d'entre nous qui ont la chance de rester pour l'instant travaillent dans la peur ! Peur de se parler à la machine à café, peur d'être le prochain sur la liste et d'être facilement écarté aussi, trop effrayés pour sortir du studio et parler (ou même reconnaître) nos collègues qui manifestent à l'extérieur, par crainte de représailles. Le moral dans le studio est au plus bas. Alors que nous devrions être enthousiastes à propos de ce qui nous attend l'année prochaine, nous sommes maintenant totalement abattus, et notre confiance dans les autres est complètement ébranlée..”

Pour l’instant, Rockstar Games n’a pas réagi à ces accusations. Mais à un an du lancement du jeu le plus attendu de la décennie, l’image du studio semble plus ébranlée que jamais.