OpenAI prépare l’arrivée des publicités dans ChatGPT

ChatGPT n’échappera plus aux publicités. Des éléments cachés dans l’application Android montrent qu’OpenAI prépare leur arrivée.

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© SOPA Images
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Vous en avez déjà assez des pubs qui s’imposent partout... sur Twitch, sur YouTube, les réseaux sociaux... On a fini par s’y habituer, même si ça reste épuisant. Et merci d’être là malgré celles qui entourent probablement cet article. On n’y peut rien, mais on sait que c’est pénible.

Et pendant un temps, on a tous eu l’impression qu’il restait au moins un endroit “propre”, un espace où l’on pouvait simplement poser une question, travailler ou discuter tranquillement : ChatGPT.

Sauf que cette parenthèse touche visiblement à sa fin. En effet, des indices découverts dans la version Android du chatbot montrent qu’OpenAI prépare l’arrivée de publicités directement dans l’interface. Autrement dit : si vous comptiez sur ChatGPT pour échapper à l’avalanche de bannières et de carrousels sponsorisés, ça risque de devenir compliqué.

Les premières traces dans l’application Android

L’information n’est pas venue d’OpenAI mais d’un ingénieur curieux, Tibor Blaho, qui a décortiqué la version bêta de l’application Android de ChatGPT. En fouillant le fichier de l’app — ce que les développeurs appellent l’APK — il est tombé sur plusieurs lignes qui ne laissent pas vraiment place au doute.

  • Dans le code, on peut lire des références à un “ads feature”, à des publicités dans les résultats de recherche, à un carrousel d’annonces, ou encore à un mystérieux “bazaar content”, qui ressemble fortement à un espace dédié à des contenus sponsorisés.

Pour faire simple : ce sont exactement les briques techniques qu’il faut pour afficher de la pub dans une application. Et si ces éléments se retrouvent dans une bêta publique, c’est rarement par accident. En général, ça signifie que la fonctionnalité tourne déjà en interne, qu’elle est testée, ajustée… et potentiellement prête à sortir dans une future mise à jour.

OpenAI, de son côté, n’a rien annoncé officiellement. Mais il est difficile d’imaginer la société intégrer des mentions aussi précises dans son code sans intention derrière. Et forcément, la découverte soulève une question assez logique : si ChatGPT commence à afficher de la pub, jusqu’où pourra-t-elle être personnalisée ?

Car contrairement à YouTube ou Instagram, ChatGPT connaît vos questions, vos goûts, votre style de vie et parfois même votre état d’esprit. Autant d’éléments qui pourraient, théoriquement, rendre les publicités de demain encore plus ciblées que celles que vous connaissez déjà.

Une décision qui s’explique par la course à la rentabilité

Quand on regarde la trajectoire d’OpenAI, l’arrivée de la publicité n’est finalement pas si surprenante. Malgré le succès massif de ChatGPT et la croissance continue des abonnements payants, l’entreprise n’a jamais été rentable. Elle prévoit bien 13 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2025, mais cet argent file aussitôt dans une machine extrêmement coûteuse : puces hors de prix, location de data centers, et surtout contrats gigantesques avec Microsoft et Amazon pour accéder à la puissance de calcul nécessaire au fonctionnement de ses modèles.

Selon une analyse de HSBC, cette équation financière est tellement déséquilibrée qu’OpenAI ne serait pas rentable avant 2030, même si ChatGPT Plus continue de gagner des abonnés. Dans ce contexte, l’arrivée de la publicité n’a plus rien d’un choix philosophique, c’est une piste quasi inévitable pour équilibrer les comptes.

D’autant que Sam Altman, PDG d'OpenAI, expliquait en 2023 que les pubs seraient un “dernier recours”, a clairement changé de ton. Ces derniers mois, il s’est dit ouvert à l’idée, allant même jusqu’à citer les publicités Instagram comme exemple “plutôt réussi”. Autrement dit : la porte est désormais entrouverte.

Et c’est là que deux questions essentielles apparaissent :

  • D’abord, celle du ciblage. ChatGPT n’est pas un réseau social : les utilisateurs lui confient leurs questions, leurs tentatives, leurs préférences… parfois même leurs intentions d’achat. Dans le monde de la pub, ce type de données vaut de l’or. Si OpenAI décidait de les exploiter, la plateforme deviendrait instantanément l’un des espaces publicitaires les plus précis jamais créés.
  • Puis vient la question de la frontière entre une réponse neutre et une réponse sponsorisée. ChatGPT recommande déjà des produits, des films, des applications ou des destinations. Le jour où une partie de ces suggestions seront payées par des marques, comment l’utilisateur pourra-t-il faire la différence ? Peut-on encore faire confiance à un outil qui mélange réponse utile et placement commercial ?

Pour l’instant, rien ne dit si la pub sera réservée à la version gratuite ou si elle touchera aussi les abonnés. Mais une chose se dessine : après trois ans d’existence, ChatGPT bascule dans une nouvelle phase, où son utilité, son modèle économique et la confiance des utilisateurs vont devoir cohabiter — et ce ne sera pas simple.

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