Si vous pensiez que ChatGPT servait essentiellement à gagner du temps au travail, c’est raté. OpenAI vient de publier une étude sur l’usage de son chatbot, et les résultats sont à mille lieues de l’image sérieuse qu’on tente de lui coller. 1,5 million de conversations analysées entre mai 2024 et juin 2025. Et un constat simple : les utilisateurs ne veulent pas vraiment être plus productifs. Ils veulent juste de l’aide. Pour tout. Et surtout pour eux.
Un assistant personnel plus qu’un collègue de bureau
À son lancement, ChatGPT était vendu comme une machine à produire plus vite : emails, résumés, aide à la rédaction, analyse de texte… Et c’est vrai que les usages professionnels ont longtemps représenté une part importante des messages. En juin 2024, près de la moitié des messages (47 %) étaient encore liés à un usage professionnel. Mais cette période est désormais loin derrière.
En juin 2025, ces messages ne représentaient plus que 27 % du total. Un chiffre en forte baisse, d’autant plus frappant qu’il concerne aussi les anciens utilisateurs. Ce n’est donc pas seulement l’arrivée de nouveaux profils qui change la donne : même les usagers réguliers ont modifié leur manière d’utiliser l’outil.
Aujourd’hui, trois grandes catégories dominent très largement les usages :
- Les conseils pratiques (idées, tutorat, soutien scolaire, recettes, organisation) ;
- La recherche d’information (faits, actualités, explications) ;
- L’écriture (aide à la rédaction, correction, traduction, mails, publications sociales…).
À elles seules, ces catégories couvrent près de 80 % des échanges. Des tâches souvent banales, parfois essentielles, mais rarement liées au monde du travail. En clair, on ne demande plus seulement à ChatGPT d’écrire un compte-rendu, mais de suggérer un repas de fête, d’expliquer un concept mal compris, ou de reformuler un message WhatsApp un peu trop agressif.
Un usage de plus en plus personnel… et parfois très intime
Derrière ces usages se cache un phénomène plus discret, mais bien réel : ChatGPT est en train de devenir un interlocuteur émotionnel. Il ne s’agit plus seulement d’utiliser un outil. Pour certains, il s’agit de tisser un lien, de compenser un manque, ou de simplement chercher une écoute. Rien de très surprenant, quand on sait que les utilisateurs sont très majoritairement jeunes : près de 50 % des messages viennent d’internautes de moins de 26 ans.
- Selon l’étude, 11 % des messages relèvent de l’expression d’un ressenti, d’un avis ou d’un état émotionnel.
Ce glissement vers un usage plus intime se voit aussi dans certaines pratiques marginales, comme le roleplay ou les conversations simulées. Si elles restent minoritaires, elles existent, au point que la FTC (Federal Trade Commission) américaine a lancé une enquête sur les possibles dérives liées aux relations parasociales avec des IA. OpenAI, de son côté, prévoit d’introduire des contrôles parentaux.
Ce que montre surtout cette étude, c’est que l’IA générative n’est pas utilisée comme on l’imaginait il y a encore deux ans. Pas comme un assistant professionnel surboosté, mais comme un couteau suisse numérique, capable d’aider dans des milliers de micro-situations du quotidien. ChatGPT est utilisé chez soi, sur mobile, dans un cadre personnel, familial, scolaire, émotionnel. Et de plus en plus, c’est cela qui attire les utilisateurs.
Le mythe de l’IA qui fait gagner du temps au bureau existe toujours — mais il pèse de moins en moins dans les usages. ChatGPT est en train de devenir autre chose. Et peut-être que c’est pour ça qu’il fonctionne aussi bien.
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