Wisconsin, novembre 1957. La quincaillère Bernice Worden disparaît mystérieusement à Plainfield. Le 16 novembre, les soupçons se portent sur un client régulier : Edward Theodore Gein. Fermier solitaire, discret, un peu étrange, mais toujours poli. Quand la police pousse la porte de sa ferme, elle tombe sur l’une des scènes les plus glaçantes de l’histoire criminelle américaine.
Des morceaux de corps. Des crânes découpés. Des masques façonnés à partir de visages humains. Et, au milieu de ce décor cauchemardesque, un objet domestique transformé en monstruosité : une lampe dont l’abat-jour est fait de peau humaine.
La lampe en peau humaine d’Ed Gein
Contrairement aux rumeurs, cette lampe n’est pas une invention. Elle figure bel et bien dans les rapports officiels de 1957, photographiée et décrite par les experts médico-légaux. Il s’agissait très vraisemblablement d’un visage humain, tendu et fixé sur une armature métallique, transformé en abat-jour. Elle faisait partie d’un inventaire à peine croyable :
- ceintures de mamelons ;
- gants et masques en peau humaine ;
- chaises recouvertes de cuir humain.
Rien, dans la ferme de Plainfield, n’était plus choquant qu’autre chose : chaque objet contribuait à un décor abominable. Mais la lampe, elle, portait une charge particulière. Un abat-jour, c’est l’image d’un foyer, la chaleur rassurante d’un salon. Chez Ed Gein, cette normalité domestique se tordait en cauchemar.
Pour comprendre, il faut revenir à Augusta, sa mère. Figure autoritaire, fanatiquement religieuse, persuadée que le monde était corrompu. Quand elle meurt en 1945, Ed Gein s’effondre. Déjà fragile, il se retrouve seul, sans repères. Il ferme la chambre de sa mère, la laisse intacte, comme un sanctuaire. Et dans sa solitude, il commence à exhumer des cadavres de femmes qui lui ressemblent.
Ce qu’il cherche, ce ne sont pas des victimes à abattre. C’est une présence à retrouver. Dans ses propres mots : il voulait “ressusciter” Augusta. C’est pour cela qu’il fabrique un costume intégral en peau humaine, convaincu qu’en l’enfilant, il pourrait littéralement “entrer en elle”.
Attention aux fausses images
Ed Gein n’inventait rien. Dans les années 40 et 50, il dévorait des magazines sensationnalistes qui racontaient que les nazis fabriquaient des objets en peau humaine dans les camps de concentration.
Le nom d’Ilse Koch, l’épouse d’un commandant de Buchenwald, revenait sans cesse. Surnommée la “sorcière de Buchenwald”, elle fut accusée d’avoir fait confectionner des abats-jours et des reliures de livres à partir de peau tatouée de prisonniers.
La question revient sans cesse : existe-t-il une photo de la lampe de Gein ? La réponse est non. Les réseaux sociaux regorgent d’images d’abat-jours cousus ou de tables couvertes de restes humains, attribuées à Ed Gein. En réalité, aucune n’est authentique.
La lampe retrouvée à Plainfield a bien été saisie et photographiée en 1957, mais ces clichés sont restés dans les archives judiciaires. Ils n’ont jamais été rendus publics. L’objet lui-même a été détruit après l’enquête.
You ever wake up feelings like an Ed Gein skin lamp 😔 pic.twitter.com/rnNJUjVvTw
— Lock Your Doors Tonight (@swaggymeatballs) December 14, 2021
La plus célèbre montre une table remplie d’objets humains, encadrée par des soldats. Mais cette photo ne vient pas du Wisconsin, et ne montre pas les objets de Gein. Elle a été prise en avril 1945, dans le camp de Buchenwald, juste après sa libération par l’armée américaine. L’abat-jour visible sur cette image proviendrait d’objets saisis dans les quartiers des officiers nazis.
Un nouvel éclairage avec Netflix : la saison 3 de Monstres
Près de soixante-dix ans après son arrestation, l’affaire Ed Gein continue de fasciner l’Amérique. Elle est aujourd’hui revisitée dans la saison 3 de la série Monstres, déjà disponible sur Netflix.
Après Jeffrey Dahmer et les frères Menendez, Ryan Murphy et Ian Brennan s’attaquent cette fois au “boucher de Plainfield”. Intitulée The Original Monster, cette nouvelle saison retrace le parcours du fermier solitaire, sa folie silencieuse et sa maison transformée en sanctuaire de l’horreur.
Au casting, Charlie Hunnam incarne Ed Gein, Laurie Metcalf prête ses traits à Augusta, la mère omniprésente. Et, fait inédit, Tom Hollander joue Alfred Hitchcock lui-même, établissant un pont direct entre la réalité macabre de Plainfield et le mythe de Psychose.