Charlie Hunnam pensait simplement rencontrer Ryan Murphy pour parler projets. Une conversation banale, comme tant d’autres à Hollywood. Mais ce jour-là, le créateur d’American Horror Story arrive en apnée, porté par une frénésie d’écriture. Trois jours qu’il noircit des pages sur Ed Gein, le fermier du Wisconsin qui déterrait les cadavres pour leur voler leur peau.
Ryan Murphy raconte, Charlie Hunnam écoute, captivé. Et quand l’acteur conclut, enthousiaste : « J’ai hâte de voir cette série », le réalisateur prend de court : « Tu veux l’incarner ? ». C’est ainsi que l’ancien biker de Sons of Anarchy s’est retrouvé embarqué dans l’un des rôles les plus sombres de sa carrière.
Evan Peters, le fantôme de Dahmer qui hante encore Netflix
Le pari est risqué. On se souvient de Jeffrey Dahmer, incarné par Evan Peters. L’acteur avait confié combien cette immersion dans l’horreur l’avait marqué, au point de l’épuiser mentalement. « Je ne veux plus jamais faire ça », disait-il après coup. Car jouer un monstre, ce n’est pas seulement reproduire ses gestes : c’est l’habiter, parfois jusqu’à s’y perdre.
Charlie Hunnam connaît le piège. Mais il sait aussi qu’Ed Gein n’est pas un tueur comme les autres. Son nom est méconnu du grand public, pourtant son influence est partout. Norman Bates dans Psychose, Leatherface dans Massacre à la tronçonneuse, Buffalo Bill dans Le Silence des agneaux : tous sont ses héritiers. Trois monstres de fiction, un seul modèle.
Charlie Hunman as Ed Gein in #Monsters Season 3. #netflixpic.twitter.com/kUmqSLJu0A
— 𝙲𝚒𝚗𝚎𝚖𝚊 𝙱𝚞𝚛𝚜𝚝 (@CinemaBurst) February 17, 2025
Dans la tête d'Ed Gein, il faut savoir en ressortir
Pour Charlie Hunnam, il était hors de question de tomber dans la caricature. Les livres consacrés à Gein ? Trop sensationnalistes. L’acteur a préféré se plonger dans un document brut : l’unique enregistrement connu du tueur, capté deux jours après son arrestation.
Pendant soixante-dix minutes, Ed Gein répond posément, presque avec douceur. Comme si ses crimes n’avaient jamais existé. Ce décalage glaçant entre la banalité de sa voix et l’horreur de ses actes, Charlie Hunnam en a fait la matière première de son interprétation. « J’y ai trouvé son rythme, ses inflexions, son énergie », explique-t-il.
À l’écran, la relation avec sa mère est centrale. Laurie Metcalf incarne Augusta, figure étouffante, entre fanatisme religieux et domination psychologique. Pour nourrir cette dynamique, Charlie Hunnam et Laurie Metcalf ont longuement travaillé ensemble en amont, établissant une complicité hors caméra qui donne encore plus de poids à cette relation toxique.
Le fantôme du Wisconsin
À Plainfield, dans le Wisconsin des années 50, Ed Gein vivait reclus dans une ferme décrépite. Un homme solitaire, hanté par l’ombre de sa mère Augusta, femme tyrannique et religieuse jusqu’à l’obsession. Ed Gein tuait, certes, mais il profanait surtout. Corps exhumés, peaux tannées, meubles fabriqués avec des ossements : ses crimes macabres ont glacé l’Amérique d’après-guerre.
Ryan Murphy et Ian Brennan avaient déjà exploré Dahmer et les frères Menendez. Avec Ed Gein, ils franchissent une nouvelle étape : raconter l’histoire d’un homme dont les crimes dépassent la réalité et ont nourri tout un siècle de cauchemars au cinéma. C’est cette descente aux enfers que Netflix mettra en images dans Monster: The Ed Gein Story, attendu le 3 octobre.