Le futur du streaming pourrait s’écrire bien différemment que prévu, et cette fois, c’est Donald Trump qui s’invite dans le débat. Lors d’un événement à Washington, le président américain a commenté le rachat à 72 milliards de dollars que Netflix projette de réaliser avec Warner Bros Discovery. Et son avis est clair : l’opération « pourrait être un problème ».
Pour un accord de cette ampleur, c’est loin d’être anodin. Car dès que le président annonce qu’il suivra personnellement un dossier, la suite peut devenir bien moins prévisible.
Trump exprime ses réserves sur le rachat de Warner Bros par Netflix
Initialement, l’annonce du rachat ressemblait à un simple mouvement stratégique : Netflix, déjà numéro un mondial, récupérerait Warner Bros, HBO et des franchises comme Harry Potter, Game of Thrones, Le Seigneur des Anneaux ou The Matrix. De quoi construire une machine à contenus inégalée.
Mais la réaction de Trump change l’équation. Comme le rapporte la BBC, pour lui, Netflix possède déjà « une part de marché énorme » et l’accord ferait grimper cette domination à un niveau « qui pourrait poser problème ».
Autrement dit : l’autorité de la concurrence devra se montrer particulièrement vigilante… et Trump rappelle qu’il compte peser dans la décision finale.
Le président a tout de même indiqué qu’il venait de rencontrer Ted Sarandos, le co-PDG de Netflix, qu’il décrit comme « quelqu’un que je respecte beaucoup », ajoutant qu’il avait « accompli l’un des plus grands succès de l’histoire du cinéma ». Une déclaration qui entretient une ambiance ambiguë : respect, mais aussi avertissement.
Ce que prévoit vraiment le rachat
En parallèle des réactions politiques, Netflix a dévoilé les contours officiels de son accord avec Warner Bros. Discovery. Le rapprochement, estimé à 82,7 milliards de dollars, devrait transformer en profondeur le paysage du streaming mondial.
L’opération ne sera finalisée que dans 12 à 18 mois, après la scission de Discovery Global prévue au troisième trimestre 2026. Les actionnaires de Warner Bros. Discovery recevraient 23,25 dollars en numéraire et 4,50 dollars en actions Netflix par titre.
Si le deal va au bout, Netflix intégrerait d’un seul coup un volume colossal de licences : Game of Thrones, The Big Bang Theory, The Sopranos, l’ensemble de l’univers DC, sans oublier HBO et HBO Max.
Une acquisition qui renforcerait mécaniquement son statut de plateforme numéro un… et justifie en partie l’inquiétude de Washington. Cette fusion s’inscrit dans une réorganisation interne majeure chez Warner Bros. Discovery. Le groupe sépare désormais ses activités en deux entités :
- Streaming & Studios (la partie rachetée par Netflix) ;
- Discovery Global, qui restera indépendante avec CNN, Discovery, TNT Sports, Discovery+ ou Bleacher Report.
Les deux conseils d’administration ont validé l’opération, mais elle devra encore obtenir l’accord des régulateurs et des actionnaires. S’il est validé, ce rapprochement deviendra l’un des plus grands bouleversements du secteur audiovisuel de ces vingt dernières années.
Et Warner Bros. Games dans tout ça ?
Un point intrigue particulièrement : la division jeu vidéo n’est mentionnée nulle part dans l’annonce.
Pourtant, Warner Bros. Games regroupe certains des studios les plus importants du marché :
- NetherRealm (Mortal Kombat, Injustice) ;
- Avalanche (Hogwarts Legacy) ;
- WB Games Montréal (Gotham Knights) ;
- Rocksteady (Batman Arkham, Suicide Squad) ;
- TT Games (LEGO Batman, LEGO Star Wars).
Difficile de savoir, à ce stade, si Netflix intégrera directement ces équipes ou si une cession séparée est envisagée. Ce flou intervient alors que Warner Bros. Games traverse une période de restructuration, avec la fermeture de Monolith Productions, Player First Games et WB Games San Diego plus tôt dans l’année. Les studios encore actifs travaillent sur plusieurs projets majeurs :
- la suite d’Hogwarts Legacy ;
- LEGO Batman : Legacy of the Dark Knight ;
- le prochain jeu de NetherRealm.
Autant dire que le devenir de Warner Bros. Games sera l’un des dossiers les plus scrutés si la fusion Netflix–Warner se confirme...















