À première vue, rien ne prédestinait Tammi à devenir l’épouse d’un meurtrier incarcéré à vie. Pas de passé tourmenté, pas de fascination morbide pour les faits divers. Elle mène une vie rangée, presque banale. Jusqu’au jour où elle tombe sur une émission consacrée aux frères Menendez. Erik, surtout. Quelque chose accroche. Elle lui écrit. Il répond. Quelques lettres, puis des centaines. À distance, un lien se tisse. En 1999, elle l’épouse dans la chapelle d’une prison de haute sécurité.
Erik Menendez, lui, n’a plus grand-chose à offrir : ni avenir, ni liberté, ni contact physique. Il est ce jeune homme qui, dix ans plus tôt, a abattu ses parents avec son frère Lyle, dans une villa californienne digne de Dynastie. Un parricide devenu mythe médiatique. Pourtant, Tammi dit avoir trouvé en lui un “homme bon”. Elle n’a jamais douté de son innocence. Et surtout, jamais regretté son choix.
Tammi Menendez : de mère de famille à épouse d’un tueur condamné
Tammi Menendez, née Tammi Ruth Saccoman le 18 mars 1960, n’aurait jamais imaginé que son nom serait un jour associé à l’un des meurtres les plus médiatisés d’Amérique. Avant Erik, il n’y avait rien de sensationnel. Juste une vie rangée, presque effacée, dans une banlieue du Midwest. Élevée dans une famille de classe moyenne, elle enchaîne les petits boulots, notamment comme assistante dans une école primaire. Une trajectoire sans heurts, sans fracas. Rien qui laisse deviner qu’un jour, elle troquerait le confort d’un quotidien anonyme pour l’intimité carcérale d’un homme condamné à vie.
Le tournant, c’est 1993. À l’époque, Tammi est encore mariée à Chuck Saccoman. Le portrait de ce dernier, dressé par leur entourage, est sombre : un homme violent, instable, accusé de maltraitance envers leur fille, Talia. Le climat familial est irrespirable. Trois ans plus tard, Chuck se suicide.
Entre-temps, Tammi a commencé à écrire à Erik Menendez, dont elle découvre l’histoire à la télévision. Ce n’est d’abord qu’une lettre, écrite presque sur un coup de tête. Puis d’autres suivent. Une correspondance qui prend vite des allures de confession intime. Jusqu’à ce qu’elle quitte le Minnesota pour s’installer en Californie, à proximité de la prison.
Erik se souvient de cette toute première lettre comme d’un électrochoc. Dans une interview accordée à People, il confie :
« Elle m’a envoyé une lettre pendant mon premier procès. C’est drôle, j’ai un souvenir visuel de la lecture de sa lettre. Je crois aux âmes sœurs. Je crois à la spiritualité, au sens religieux du terme. Je crois en Dieu et je crois que rien n’arrive par hasard. J’ai vu la lettre de Tammi et j’ai ressenti quelque chose. J’ai reçu des milliers de lettres, mais j’ai mis celle-ci de côté. J’ai eu un sentiment. Et je lui ai répondu. Tammi et moi avons continué à correspondre. J’ai aimé lui écrire. C’était une amitié lente. C’était spécial pour moi parce que cela n’était pas lié au procès et aux médias. Tammi était quelqu’un qui n’était pas dans la folie. »
Une correspondance sulfureuse
Une lettre. Puis deux. Puis des pages entières échangées, semaine après semaine, entre les murs d’une prison et le confort d’un salon. Ce qui commence comme une simple correspondance va peu à peu prendre la forme d’un attachement profond, inattendu, presque irréel. Tammi, décrite par ses proches comme volontaire, loyale jusqu’à l’obsession, s’attache à Erik Menendez alors que ce dernier purge une peine de réclusion à perpétuité, sans possibilité de libération.
Le premier contact remonte à 1993, quatre ans après la condamnation d’Erik pour le double meurtre de ses parents. Tammi, alors en pleine tourmente personnelle, trouve dans ces lettres un étrange réconfort. Une forme de stabilité que le monde extérieur lui refuse. Peu à peu, les mots deviennent des promesses. Et en novembre 1999, elle épouse Erik Menendez au sein même de la prison d’État de Folsom, en Californie.
Dans son livre They Said We'd Never Make It – My Life with Erik Menendez, elle raconte ce jour à la fois unique et brutalement interrompu :
« C’était une cérémonie magnifique... jusqu’à ce que je doive partir. »
Pas de nuit de noces. Pas de vie conjugale au sens traditionnel. Mais pour Tammi, il ne s’agit pas d’un sacrifice. Plutôt d’un engagement absolu — envers un homme, envers une histoire que beaucoup jugent insensée.
Tammi Menendez dans les médias
Après leur mariage, Tammi Menendez a pris la parole à plusieurs reprises pour évoquer publiquement sa relation avec Erik. Elle décrit leur amour comme "profond et sincère", malgré l'absence totale de contact physique, la Californie interdisant les visites conjugales aux prisonniers. Pourtant, elle raconte quelques moments intimes partagés avec son mari :
« Je tends la main et la glisse autour de son cou. Je me penche vers lui jusqu'à ce que je puisse sentir les battements réguliers de son cœur, ma poitrine rencontre la sienne ; je baisse sa tête et pose mes lèvres sur les siennes. Je l'embrasse comme je ne l'ai jamais embrassé auparavant. Je l'embrasse pendant longtemps, jusqu'à ce que le garde tape sur le micro. »
Tammi s’est aussi imposée comme une voix pour les conjoints de prisonniers. Elle milite pour une meilleure compréhension des relations avec des personnes incarcérées, soutenant que, bien que « ces relations soient différentes de celles qui existent dans le monde extérieur, elles sont néanmoins valables et significatives ». Son engagement ne s'arrête pas là. Tammi défend bec et ongles Erik Menendez :
« Je connais la personne qu'est Erik. Je connais son cœur, je connais son âme. Je sais ce qui s'est passé cette nuit-là et je comprends – je crois que dans chacun de nous, dans certaines circonstances, on peut tuer quelqu'un. »
Et si Erik et Tammi Menendez pouvaient enfin se retrouver ?
Depuis plus de 25 ans, leur amour se vit entre les murs d’une prison. Mais pour la première fois, une porte semble s'entrouvrir. En mai 2025, la justice californienne a requalifié la peine des frères Menendez, leur offrant la possibilité d’une libération conditionnelle après 35 ans de détention. Un bouleversement judiciaire inattendu, qui pourrait — enfin — changer le destin d’Erik… et celui de Tammi.
Tout a basculé en 2024, lorsque de nouveaux éléments ont été versés au dossier. Des lettres, des témoignages d’abus, un contexte familial bien plus sombre que ce que les procès initiaux avaient laissé entendre. Des faits suffisamment graves pour pousser le juge Michael Jesic à revoir la sentence à la baisse. Résultat : Erik Menendez pourrait comparaître devant une commission de libération conditionnelle dès août 2025.
Pour Tammi, qui n’a jamais cessé de le soutenir, c’est un espoir que beaucoup pensaient impossible. Celui de pouvoir, un jour, partager plus qu’une salle de visite et des appels surveillés. Celui de vivre, enfin, une vie de couple hors des murs.
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