Wisconsin, novembre 1957. Une disparition. Un nom. Le 16 novembre, la quincaillère Bernice Worden disparaît mystérieusement à Plainfield. Très vite, les soupçons se tournent vers un client régulier : Edward Theodore Gein. Un fermier solitaire, un peu bizarre, discret, mais poli.
Quand la police pousse la porte de sa ferme, elle pénètre dans l’un des lieux les plus dérangeants de l’histoire criminelle américaine et des tueurs en série. Des morceaux de corps. Des crânes ouverts. Des masques fabriqués à partir de visages humains. Et, posé là, dans le salon, un objet que personne ne pourra jamais oublier : une lampe dont l’abat-jour est fait de peau humaine.
La lampe en peau humaine d’Ed Gein
Un officier de police, non identifié, fouille la cuisine en désordre de la ferme d’Ed Gein. À ce moment-là, il ne sait pas encore ce que cette maison renferme vraiment. Autour de lui : des débris, des objets du quotidien… et, dissimulés parmi eux, des fragments humains.
Ce jour-là, les autorités découvrent des crânes utilisés comme bols, des restes de peau humaine, et surtout, dans un abri voisin, le corps mutilé de Bernice Worden, suspendu comme une carcasse.
Parmi les objets saisis, un en particulier va marquer les esprits, jusque dans les archives médico-légales : une lampe confectionnée à partir d'un visage humain.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette lampe n’est pas une légende urbaine. Elle figure dans les rapports officiels de l’époque, avec photographies à l’appui. Les coutures, la texture, la provenance : tout concorde. Il s’agissait très vraisemblablement d’un visage humain, tendu et fixé sur une armature métallique, transformé en abat-jour.
Le laboratoire médico-légal en a dressé l’inventaire, aux côtés d’autres objets tout aussi glaçants :
- ceintures de mamelons ;
- masques en peau, gants ;
- chaises tapissées de cuir humain.
Ed Gein lisait alors beaucoup de récits sensationnalistes. Parmi eux, ceux affirmant que les nazis fabriquaient des objets en peau humaine dans les camps de concentration. Ilse Koch, notamment, est citée dans ces histoires. Mais la plupart de ces "artefacts" se sont révélés faux ou en peau animale.
Seul le cas de Gein a été clairement authentifié. Même si, ironie de l’histoire, une nouvelle expertise menée en 2025 a confirmé qu’un abat-jour nazi conservé dans un musée allemand était, lui aussi, bien en peau humaine.
Attention aux fausses images
C’est une question qui revient souvent : existe-t-il une photo de la lampe en peau humaine retrouvée chez Ed Gein ? La réponse est non.
Aucune image publique de cet objet n’a jamais été diffusée. La lampe a bien été saisie, photographiée, et répertoriée par la police du Wisconsin en 1957. Les rapports médico-légaux la décrivent avec précision.
Mais les clichés d’enquête sont restés dans les archives judiciaires. Ils n’ont jamais fuité. Ils n’ont jamais été publiés. Pour ce qui est de la lampe : elle a tout simplement été détruite.
Et pourtant, les réseaux sociaux débordent de photos prétendument liées à Ed Gein : des abat-jours cousus, des masques, des morceaux de peau encadrés…
You ever wake up feelings like an Ed Gein skin lamp 😔 pic.twitter.com/rnNJUjVvTw
— Lock Your Doors Tonight (@swaggymeatballs) December 14, 2021
La plus célèbre montre une table remplie d’objets humains, encadrée par des soldats. Mais cette photo ne vient pas du Wisconsin, et ne montre pas les objets de Gein. Elle a été prise en avril 1945, dans le camp de Buchenwald, juste après sa libération par l’armée américaine. L’abat-jour visible sur cette image proviendrait d’objets saisis dans les quartiers des officiers nazis.
Augusta : la mère au cœur du drame
Pour comprendre, il faut revenir à Augusta, la mère d’Ed Gein. Une femme rigide, fanatiquement religieuse, convaincue que le monde était corrompu. Lorsqu’elle meurt en 1945, Ed, déjà fragile, s’effondre. Il ferme sa chambre, la laisse intacte. Et commence à exhumer des cadavres de femmes lui ressemblant.
Ce qu’il cherche, ce n’est pas des victimes, mais une présence. Il veut la "ressusciter". Il confectionne un costume intégral en peau humaine, pour, selon ses dires, "entrer en elle". La lampe, elle, incarne la chaleur domestique. Le foyer maternel. Mais dans une version morbide. Elle éclaire sa maison — et son délire.
Un nouvel éclairage avec Netflix : la saison 3 de Monstres
Presque soixante-dix ans après les faits, l’affaire Ed Gein continue de hanter l’Amérique. Et en 2025, elle s’apprête à reprendre vie sur écran.
Netflix diffusera en octobre la saison 3 de la série Monstres, entièrement consacrée à Ed Gein. Après Jeffrey Dahmer et les frères Menendez, les créateurs Ryan Murphy et Ian Brennan remontent aux origines du cauchemar américain. Cette nouvelle saison, intitulée The Original Monster, revient sur le parcours du fermier solitaire, sa folie silencieuse, et sa maison devenue sanctuaire de l’horreur.
Charlie Hunnam prêtera ses traits à Gein. Laurie Metcalf incarnera Augusta, la mère omniprésente. Et, fait inédit : Tom Hollander interprétera Alfred Hitchcock lui-même, liant ainsi la réalité macabre de Plainfield au mythe de Psychose..