Procès d’Ed Gein : pourquoi la justice ne l’a jamais reconnu coupable de tous ses crimes ?

Pour sa troisième saison, la série d’anthologie Montres de Ryan Murphy et Ian Brennan s’attaque au sordide tueur en série Ed Gein, bien connu pour ses crimes mais un peu moins pour être parvenu à éviter toute condamnation…

procès ed gein
© Star Tribune via Getty
procès ed gein

Après une première saison centrée sur Jeffrey Dahmer et une seconde sur les frères Menendez, Ryan Murphy dévoilait à quelques jours de la diffusion de la saison 2 en septembre 2024 que les prochains épisodes graviteraient autour de celui que l’on surnomme le Boucher de Plainfield : Edward Theodore Gein Bolivar, dit Ed Gein. Intitulée Monster: The Original Monster, cette nouvelle saison attendue sur Netflix en 2025 verra Charlie Hunnam se glisser dans la peau du célèbre criminel.

La particularité d’Ed Gein ? Avoir exhumé des cadavres et commis des crimes autour de sa ville natale de Plainfield, dans le Wisconsin, afin de fabriquer des objets à partir de leurs os et de leur peau. Son abjecte collection était constituée d’une poubelle en peau humaine, de bols fabriqués à partir de crânes, ou même d'un abat-jour conçu à partir de la peau d'un visage. Ed Gein a ainsi inspiré de nombreux cinéastes… Beaucoup ont pioché dans ses actes de barbarie pour créer des tueurs en série fictionnels emblématiques : Norman Bates dans Psycho d’Alfred Hitchcock, Leatherface dans Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, ou encore Buffalo Bill dans Le Silence des agneaux de Jonathan Demme.

Alors qu’on lui attribue neuf assassinats ainsi que de nombreuses mutilations de cadavres, Ed Gein n’a été jugé que pour un seul meurtre : le dernier, celui de Bernice Worden. Malgré les nombreuses horreurs qu'il a commises, Gein n'a jamais condamné pour l’ensemble de ses crimes. Mais que s’est-il réellement passé ? Voici l’autopsie d’un procès qui a défié la raison.

Des aveux irrecevables

Au matin du 16 novembre 1957, Bernice Worden, propriétaire d'une quincaillerie à Plainfield, disparaît. Fin observateur puisque shérif adjoint de la ville, son fils Frank déclare rapidement aux enquêteurs avoir aperçu Ed Gein dans le magasin la veille au soir et l’avoir entendu planifier de revenir au petit matin pour acheter de l’antigel. Exactement le même produit qui figure sur le dernier ticket de caisse avant la disparition de Bernice... Ni une ni deux, les policiers appréhendent Gein et fouille sa propriété. Ce qu’ils y trouvent restera dans les annales : les restes de Bernice Worden ainsi que ceux de quinze autres femmes ont été transformés en objets tous plus épouvantables, éparpillés un peu partout dans la maison.

Lors des interrogatoires suivant cette odieuse découverte, Ed Gein se révèle étrangement coopératif. Il admet rapidement avoir profané des tombes pour y ramener les corps chez lui, mais justifie ses actes par ce qu’il qualifie d’un état second. Même cas de figure lorsqu’il avoue avoir abattu Mary Hogan, une femme disparue depuis 1954, dont la tête a été retrouvée dans sa maison, puisqu’il nie se souvenir des détails de sa mort. Mais ses aveux initiaux sont rapidement jugés irrecevables, puisqu’il est révélé que le shérif Art Schley aurait agressé Gein en lui cognant la tête contre un mur. Et la chance du tueur ne s’arrête pas là. Lorsque les enquêteurs confrontent Gein à un détecteur de mensonges et lui présentent une liste d’affaires non résolues dans le Wisconsin qui pourraient correspondre aux autres cadavres retrouvés chez lui, il réussit le test haut la main. Le voilà disculpé de tout autre meurtre. Seul celui de Worden justifie un procès, les enquêteurs n’ayant ni les preuves nécessaires ni les fonds financiers pour d’autres accusations.

Une santé mentale contestée

Après une étude médicale approfondie du comportement d’Ed Gein, les psychiatres concluent que son enfance difficile ponctuée des décès de plusieurs membres de sa famille – en particulier celui de sa mère en 1945 – auraient rapidement détérioré sa santé mentale. Peu après la mort de cette dernière, Gein commence à fouiller des tombes et à tuer des femmes qui lui ressemblent physiquement, afin de se créer une enveloppe charnelle féminine à enfiler comme un costume pour être au plus proche d’elle. Comment expliquer de telles atrocités autrement que par la folie ?

Forcément, lorsque Gein comparaît devant le tribunal le 21 novembre 1957 pour un chef d'accusation de meurtre au premier degré de Bernice Worden, il plaide non coupable en criant à l'aliénation mentale. Réellement diagnostiqué schizophrène, il est considéré inapte à être jugé. Ni une ni deux, il est enfermé au Central State Hospital for the Criminally Insane.

Un procès expéditif

Ce n’est qu’une décennie plus tard, en 1968, que les médecins déterminent Gein apte à se rendre au tribunal. Suffisamment sain d'esprit et mentalement capable de s'entretenir avec un avocat et de participer à sa défense, il s’engage dans un procès sans jury qui ne dure qu’une petite semaine. Le 14 novembre, initialement condamné pour meurtre au premier degré dans la mort de Bernice Worden, il est finalement déclaré non coupable puisque jugé fou au moment des faits. Corroborée par le témoignage des médecins, sa démence le sauve une fois de plus d’une quelconque sentence. Renvoyé à l’hôpital psychiatrique, il y décèdera en 1984 d'une insuffisance respiratoire à l'âge de 77 ans. Ainsi, Ed Gein dispose d'une double identité assez singulière : celle d'être un tueur en série juridiquement encore innocent.

George Philip Gein : qui était le père du célèbre tueur en série Ed Gein ? George Philip Gein : qui était le père du célèbre tueur en série Ed Gein ?