Ubisoft n’avait plus le luxe de se rater. Shadows était la cartouche de trop ou le sursaut vital. Depuis des années, la formule Assassin’s Creed s’étire sans jamais vraiment se renouveler. L’éditeur s’accroche à ses open worlds XXL, à ses systèmes de jeu usés, pendant que les joueurs décrochent les uns après les autres.
Les derniers soutiens se font rares, les critiques s’accumulent, et même l’excitation autour d’un Japon féodal n’a pas suffi à éteindre le scepticisme. Le report n’a rien arrangé : il a surtout renforcé l’idée d’un projet bancal, poussé à bout. Ubisoft jouait gros, et personne ne l’ignorait.
Et pourtant, malgré tout, Shadows s’impose comme le jeu (sorti en 2025) le plus vendu de l'année en Europe. Une surprise ? Peut-être. Une bonne nouvelle pour Ubisoft ? Clairement. Reste à voir ce qu’il en restera une fois passé l’effet de curiosité.
Assassin’s Creed Shadows : Ubisoft au pied du mur
Ce coup de projecteur, Ubisoft le doit au dernier rapport du GSD, l’organisme qui compile les ventes de jeux en Europe — versions physiques comme digitales. Selon leurs données, Assassin’s Creed Shadows est le jeu sorti en 2025 le plus vendu de l’année, devant Split Fiction, Monster Hunter Wilds, Mario Kart World et Kingdom Come: Deliverance 2. Pas mal pour une licence qu’on disait usée jusqu’à la corde.
Mais ce n’est pas lui le roi du classement général. Le jeu le plus vendu en Europe cette année, toutes périodes de sortie confondues, resteEA Sports FC 25 (sorti en 2024). Ainsi, Ubisoft signe la meilleure nouveauté de l’année, mais reste à distance respectable du rouleau compresseur d’EA. Voici l'intégralité du classement :
- EA Sports FC 25 (EA)
- Assassin’s Creed Shadows (Ubisoft)
- Grand Theft Auto 5 (Rockstar)
- Red Dead Redemption 2 (Rockstar)
- Hogwarts Legacy (Warner Bros)
- Split Fiction (EA)
- Monster Hunter Wilds (Capcom)
- Call of Duty: Black Ops 6 (Activision Blizzard)
- Mario Kart World (Nintendo)
- Kingdom Come: Deliverance 2 (Plaion)
- The Elder Scrolls IV: Oblivion Remastered (Bethesda)
- Star Wars Battlefront 2 (EA)
- Elden Ring: Nightreign (Bandai Namco)
- It Takes Two (EA)
- Grand Theft Auto Online (Rockstar)
- NBA 2K25 (2K Games)
- F1 25 (EA)
- Tom Clancy’s Rainbow Six: Siege (Ubisoft)
- Mario Kart 8: Deluxe (Nintendo)*
- Battlefield 1 (EA)
Un succès à relativiser
Pour rappel, le GSD est alimenté directement par les éditeurs (pour les ventes digitales) et par les distributeurs (pour le physique). Ce ne sont pas des estimations, ni des panels : les données sont réelles, traçables, vérifiables. C’est ce qui en fait une source sérieuse, largement reprise par les professionnels du secteur.
Mais la fiabilité ne veut pas dire exhaustivité. Tous les éditeurs ne partagent pas leurs chiffres. Nintendo, par exemple, ne fournit aucune donnée digitale. Les jeux vendus sur Switch via l’eShop sont donc totalement absents des bilans GSD — un manque de taille, vu le poids de Nintendo en Europe.
Autre angle mort : les studios indépendants, qui sont nombreux à ne pas apparaître. Un hit sur Steam signé d’un petit éditeur peut cartonner sans jamais figurer au classement, faute de transmission de données. C’est notamment le cas de Clair Obscur: Expedition 33, pourtant très visible sur les stores.
Enfin, GSD ne communique aucun chiffre absolu. On ne sait jamais combien d’exemplaires ont été vendus. Seul l’ordre du classement est rendu public. C’est suffisant pour détecter une tendance, mais pas pour analyser l’ampleur d’un succès — ou d’un échec.
Au total, 71 millions de jeux PC et console se sont écoulés en Europe entre janvier et fin juillet. C’est 6 % de moins qu’en 2024, avec un recul net pour le physique (–9 %) et un digital un peu plus stable (–3 %). L’essentiel des ventes — 74 % — passe désormais par le dématérialisé. Et malgré la baisse des volumes, les revenus, eux, tiennent bon. Pourquoi ? Parce que les jeux coûtent plus cher.