Lara Croft, c’est d’abord une époque. La PlayStation grise, ce manoir où Winston traînait partout, jusqu’à finir coincé (sans grande élégance) dans la chambre froide. C’est aussi Angel of Darkness, un virage raté si brutal qu’il a provoqué la démission du fondateur de Core Design et forcé Eidos à retirer la licence à l’équipe qui l’avait créée.
Et c’est, pour d’autres, la renaissance de 2013, lorsque Crystal Dynamics décidait de transformer l’icône glamour en survivante traumatisée. Alors forcément, quand Shadow of the Tomb Raider est sorti en 2018, les fans attendaient la suite. Au lieu de ça, Lara a disparu.
Square Enix, lassé d’une trilogie jugée trop coûteuse et pas assez rentable, a revendu Crystal Dynamics et les droits de Tomb Raider à Embracer Group en 2022. La franchise traverse alors une véritable traversée du désert, jusqu'à ce qu'un géant entre dans la danse.
Une aventurière laissée dans un tombeau
Depuis que l'éditeur japonais a laissé notre chère aventurière britannique, Tomb Raider n’a vécu qu’à travers des œuvres satellites. Une série animée Netflix, bien produite et qui aura d'ailleurs prochainement une saison 2, mais secondaire. Les remasters des six premiers jeux, utiles pour préserver le patrimoine, mais englués dans des polémiques, en particulier celle des voix générées par IA dans certaines versions.
Puis Amazon est arrivé. Pas question, pour eux, de laisser une icône prendre la poussière. Lara Croft reste (selon de nombreux classements) le personnage préféré de l’histoire du jeu vidéo, une figure qui a porté des consoles, rempli des salles de cinéma et rapporté des centaines de millions à la grande époque. Une ancienne machine à cash, potentiellement prête à repartir si on lui donne un nouvel élan. Bref : une licence qui, dans un tableur Amazon, ressemble surtout à une vache à traire qui n’a pas encore été remise au pré.
Trois piliers doivent soutenir cette relance :
- un nouveau jeu AAA, développé sous Unreal Engine 5 ;
- une série live-action Prime Video, portée par l'actrice Sophie Turner ;
- un univers transmédia pensé sur plusieurs années.
Sur le papier, tout est là. Les moyens, l’ambition, et même l’actrice censée incarner le futur de la franchise. Pour les fans, c’était la première éclaircie depuis longtemps — la promesse que Tomb Raider sortirait enfin de son purgatoire post-2018.
Dans les studios, pourtant, la réalité est bien moins propre. Les équipes se réduisent, les priorités changent, et la grande relance annoncée par Amazon avance dans un paysage miné par les restructurations.

Des licenciements en pagaille chez Crystal Dynamics
Le 14 novembre 2025, Crystal Dynamics annonce encore une secousse : une trentaine de départs, touchant la production, le marketing et même les RH. C’est la troisième restructuration en un an. Le communiqué, très corporate, tente de minimiser l’incendie :
« Tomb Raider reste notre priorité. »
Mais personne n’est dupe, et les rapports deTechRaptor et Twisted Voxel racontent une autre histoire... Celle d’un studio qui réduit la voilure alors qu’il est censé livrer le plus grand jeu de son histoire. Malgré ça, des éléments crédibles émergent grâce à l’insider V Scooper :
- un monde ouvert ;
- un décor situé en Inde, dans le nord du pays, après une catastrophe naturelle révélant des ruines liées à l’empereur Ashoka ;
- un retour des véhicules, notamment une moto, ainsi qu’un parachute ;
- une Lara plus âgée, mentor d’une équipe de jeunes aventuriers.
Lara Croft reviendra, mais quand ?
Lara Croft reviendra. La question, désormais, c’est quand. Si l’on part du principe que le projet a réellement pris forme autour de 2021, une sortie en 2026 serait cohérente. Sur le papier seulement. Le calendrier commence déjà à ressembler à un champ de bataille, coincé entre GTA 6, Marvel’s Wolverine et plusieurs mastodontes prévus pour l’automne. Dans ce contexte, Crystal Dynamics aurait sans doute plus intérêt à viser le début de l’année 2027, à condition d’avoir encore les ressources nécessaires pour tenir la distance.
Car Tomb Raider n’a plus droit au faux pas. Amazon a choisi Lara Croft comme figure centrale de son futur catalogue, un pivot, presque une caution culturelle. Crystal Dynamics, malgré les secousses, cherche à prouver qu’il peut renouer avec l’audace qui avait porté le reboot de 2013. Quant aux joueurs, ceux qui ont suivi Lara depuis ses débuts sur PlayStation jusqu’à ses dernières expéditions, ils n’attendent qu’une chose : voir l’aventurière sortir du tunnel et redevenir ce qu’elle a toujours été pour eux, une héroïne capable de remodeler tout un imaginaire.













