Katsuhiro Harada quitte Bandai Namco, et c’est un petit séisme pour le jeu de combat. L’annonce est tombée ce lundi 8 décembre : après trois décennies passées à accompagner chaque évolution de Tekken, celui que les joueurs nomment affectueusement « M. Tekken » s’en va. Une décision qui marque la fin d’une ère, et qui rappelle surtout à quel point son parcours a façonné la franchise et une bonne partie de la scène arcade et compétitive.
I’d like to share that I’ll be leaving Bandai Namco at the end of 2025.
— Katsuhiro Harada (@Harada_TEKKEN) December 8, 2025
With the TEKKEN series reaching its 30th anniversary—an important milestone for a project I’ve devoted much of my life to—I felt this was the most fitting moment to bring one chapter to a close.
My roots lie…
Des salles d’arcade à la tête de Tekken
Contrairement à beaucoup de créateurs japonais de sa génération, Katsuhiro Harada n’a pas commencé par le game design. Quand il rejoint Namco en 1994, il travaille d’abord à la promotion des bornes d’arcade.
C’est là qu’il découvre concrètement ce qui fait vibrer les joueurs : il installe lui-même les machines Tekken, organise des mini-tournois, invite les curieux à « tester le jeu ». Cette expérience de terrain lui donne un avantage : une compréhension directe du rythme des matchs, des attentes du public et de l’ambiance si particulière des salles d’arcade des années 90.
Cette proximité avec les joueurs l’amène naturellement vers la création. Katsuhiro Harada veut participer davantage au développement, prête sa voix à Marshall Law, Yoshimitsu ou Kunimitsu, puis gagne peu à peu en responsabilités. Le véritable tournant de sa carrière arrive avec Tekken 3, dont il devient directeur. Cet épisode deviendra l'un des meilleurs de la licence.
La suite n’a pourtant rien d’un long fleuve tranquille. Tekken 4 divise les fans, puis Tekken Tag Tournament 2 réalise des ventes en dessous des attentes. La licence traverse une zone de turbulence. Katsuhiro Harada redresse la barre avec Tekken 7, qui devient le plus grand succès commercial de la franchise et relance totalement la dynamique de Tekken, jusqu’au récent Tekken 8.
Un créateur influent bien au-delà de Tekken
Katsuhiro Harada ne s’est jamais contenté de piloter une seule franchise. Il pousse Bandai Namco vers la réalité virtuelle avec Summer Lesson, tente un pari improbable, mais réussi avec Pokkén Tournament, et prend en 2019 la direction de la stratégie e-sport du groupe, structurant ce qui deviendra le Tekken World Tour.
Sa personnalité publique participe aussi à son aura : lunettes de soleil en intérieur, humour sec, sens de la formule dont le célèbre « Don’t ask me for sh*t » devenu viral.
Le départ annoncé aujourd’hui n’est pas soudain. Katsuhiro Harada explique qu’il transfère ses responsabilités depuis quatre ou cinq ans pour assurer la continuité de Tekken, notamment à Michael Murray et Kohei Ikeda. Il évoque aussi la perte de proches et la retraite de collègues, qui l’ont poussé à réfléchir au “temps qu’il lui reste en tant que créateur”.















