Entre 1978 et 1983, Dennis Andrew Nilsen a tué, s'est adonné à des actes de nécrophilie et a démembré au moins 12 jeunes hommes selon la justice, entre 15 et 16 selon ses aveux. Condamné à la perpétuité sans possibilité de réduction de peine, il passera le reste de sa vie en prison avant de décéder le 12 mai 2018. Au cours de son incarcération de plus de 30 ans, le tueur en série britannique avait dans l'idée de raconter ses mémoires, sa vie et ses actes innommables. Et il l'a fait. Mais avant de savoir ce qu'est devenu ce manuscrit qui renferme ses plus sombres méfaits, plongeons-nous un peu dans la vie de Dennis Nilsen.
Dennis Nilsen, une enfance marquée par une mort traumatisante
Dennis Nilsen est né le 12 novembre 1945 à Fraserburgh, une petite ville du nord de l'Écosse. Sa mère, Elizabeth Duthie Whyte n'avait pas de profession connue et son père, Olav Magnus Moksheim, était un soldatd'origine norvégienne qui avait rejoint les terres écossaises pour organiser la résistance face à l'occupation allemande. Dennis ne connaîtra pas son père longtemps. En effet, ses parents divorceront en 1948, trois ans après sa naissance à cause du fait qu'Olav n'était pas très impliqué dans sa vie de famille, préférant se consacrer à sa carrière militaire. Célibataire avec trois enfants à sa charge, Elizabeth s'est alors installée chez ses parents, les grands-parents de Dennis.
Son éducation sera donc partagée entre celle de sa mère et celle de ses grands-parents. Un fait qui ne l'empêchera pas de se développer et d'avoir une enfance plutôt normale. Il deviendra très proche de son grand-père, la seule véritable présence paternelle qu'il ait pu avoir, le décrivant comme son héros. Cependant, en 1951, alors qu'il a 6 ans, il vivra ce dont il se rappelait comme étant le souvenir le plus marquant de son enfance, la mort de son grand-père. Pêcheur, il ne s'est jamais arrêté de travailler et est décédé à l'âge de 62 ans alors qu'il travaillait sur son embarcation dans la mer du Nord. Son corps fut ramené à terre et lors de la veillée funèbre, Dennis Nilsen fut tétanisé à la vue du cadavre de son grand-père, son héros, qui d'après les mots de sa mère s'était "endormi et était parti vers un meilleur endroit". Une vision traumatisante qui hantera ses souvenirs toute sa vie.
Dennis Nilsen, militaire, policier puis employé dans une agence d'emploi
Avant de s'engager dans une spirale meurtrière, Dennis Nilsen a connu bien des emplois. Dès l'âge de 16 ans, il s'engage dans l'armée où tout le monde salue son implication et son excellent travail. C'est pendant cette période qu'il se découvre lui-même et comprend qu'il est attiré par les hommes. Cependant, c'est également à ce moment-là qu'il développera des fantasmes sexuels l'impliquant lui, faisant l'amour à des hommes ayant bu, inconscients (et bien plus tard, morts) ou lui, faisant mine de l'être pour que ses collègues profitent de son corps sans qu'il puisse se défendre. Des fantasmes qu'il fera devenir réalité bien plus tard, lorsqu'il se consacrera à sa folie meurtrière.
En 1972, il prend sa retraite de l'armée à l'âge de 27 ans. La même année, son grand frère découvre son orientation sexuelle et pour s'en protéger, Dennis Nilsen décide de couper les ponts avec sa famille, ne gardant qu'un contact sommaire avec sa mère avec qui il échangeait des lettres. L'année suivante, en 1973, il devient policier. Pensant retrouver des sensations similaires à son ancienne vie, il subit vite une très grande désillusion et commence à sombrer dans l'alcool et se met à fréquenter plusieurs hommes l'amenant à vivre des relations très courtes ou instables, tout l'inverse de ce qu'il recherchait. Onze mois après le début de sa carrière dans la police, il quittera ses fonctions et trouvera d'abord un petit boulot de garde de nuit puis se dirigera vers une carrière dans une agence d'emploi en 1974. Le dernier travail de sa vie.
1978, le basculement dans la spirale meurtrière de Dennis Nilsen
Solitaire et désespérément en quête d'une relation sérieuse et sur du long terme, Dennis Nilsen était prêt à tout pour se sortir de sa situation. Le 30 décembre 1978, il rencontre Stephen Holmes, 14 ans, qu'il invite chez lui pour boire et écouter de la musique. Le lendemain matin, après que les deux se soient endormis dans le même lit, Dennis Nilsen se saisit d'une cravate et étrangla le jeune Stephen car il avait peur, que son nouvel et très jeune amant ne décide, comme les autres, de le quitter. Il s'adonna ensuite à des actes sexuels envers le corps de sa victime puis cacha la dépouille sous son parquet pendant huit mois avant de le brûler dans son jardin.
C'est alors que Nilsen tomba dans une spirale que seule la police et la justice pouvaient arrêter. Il tuera 14 autres jeunes hommes entre 1978 et 1983, selon ses dires, dans deux appartements différents et tentera également d'en assassiner deux autres qui réussiront à en réchapper.
L'arrestation de Dennis Nilsen
Le 8 février 1983, un plombier intervient dans la maison partagée dans laquelle habite Nilsen. Il répondait aux plaintes faites concernant des canalisations bouchées. C'est alors qu'il fit la découverte d'une substance semblable à de la chair humaine et un grand nombre d'os dont il ne connaissait pas encore l'origine.
Alors que le plombier et d'autres locataires s'interrogeaient sur la provenance de ces os et de la chair qui l'accompagnait, Nilsen tenta de noyer le poisson et répondit qu'il s'agissait peut-être de quelqu'un ayant jeté des morceaux de poulet dans les toilettes.
Le lendemain, le plombier revient accompagné de la police qui est en mesure de déterminer qu'il s'agit bien de chair humaine et que c'est la raison pour laquelle les canalisations étaient bouchées. Alors qu'il revient du travail, Nilsen est interrogé par la police qui lui demande si elle peut jeter un œil à ses canalisations. D'abord méfiant, il montre patte blanche et accepte. C'est alors que les forces de l'ordre découvrent la vérité et l'horreur qui se cache dans son domicile. À leur entrée dans l'appartement, les enquêteurs sentent tout de suite l'odeur de la chair pourrissante et découvrent plusieurs morceaux de corps humains éparpillés partout dans la maison.
Nilsen, d'un ton calme selon les enquêteurs, avoua sans résistance et demanda à être emmené au poste de police pour raconter sa "longue histoire". C'est à ce moment-là qu'il avouera à la police depuis quand il avait commencé à tuer et le nombre de ses victimes.
The History of a Drowning Boy, l'autobiographie de Dennis Nilsen
Reconnu coupable de 12 meurtres, Dennis Nilsen écope donc, logiquement, d'une peine de prison à perpétuité d'abord établie à 25 ans, puis finalement à la vie entière. Il y restera pendant 35 ans avant de décéder d'une embolie pulmonaire et d'une hémorragie interne à l'âge de 72 ans en 2018.
Celui qui fut surnommé "l'étrangleur à la cravate" ou le Muswell Hill Murderer en référence à un quartier du nord de Londres où il tua ses dernières victimes, commença à écrire depuis sa prison, son autobiographie. Intitulée The History of a Drowning Boy (L'histoire d'un garçon en train de se noyer), une référence directe à la mort de son grand-père pêcheur et d'une expérience de noyade qui avait failli lui être fatale dans son enfance, elle retrace sa vie ainsi que tous ses meurtres dans les moindres détails.
Cependant, cette version est jugée beaucoup trop macabre et dérangeante par la justice, notamment l'évocation des démembrements et de la nécrophilie dont il avait fait preuve. C'est ainsi qu'en 2003, la justice anglaise lui interdit de poursuivre l'écriture de son livre et saisit le manuscrit. Mais cela ne l'a pas empêché de continuer à écrire. En effet, durant son incarcération il avait énormément échangé avec Mark Austin qui avait pu reprendre le travail réalisé par Nilsen pour en faire une version beaucoup "plus édulcorée". En 2021, soit trois ans après la mort de Dennis Nilsen, Mark Austin annonçait la sortie de la version éditée de History of a Drowning Boy : The autobiography.
Pour en savoir plus sur Dennis Nilsen et l'horreur qu'il a fait subir à ses victimes, nous vous conseillons de regarder Dennis Nilsen : Mémoires d'un meurtrier. Le documentaire est disponible sur Netflix et reprend des images d'archives ainsi que des témoignages du tueur en série qui s'est fait appeler "L'étrangleur à la cravate".
En voici la bande-annonce :
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