Six ans après son annulation, The OA pourrait renaître sans Netflix

The OA : six ans après, l'écho d’un retour

Il aura suffi d’une phrase, prononcée presque à voix basse dans une interview radio, pour faire vaciller une communauté de fans en veille depuis six ans. Invité sur la BBC, Jason Isaacs, interprète de Dr. Hap, a confirmé ce que beaucoup espéraient sans trop y croire : The OA n’est pas une affaire classée.

“Zal, Brit et moi avons dîné la semaine dernière à Los Angeles. Il n’est pas question de laisser cette histoire s’éteindre.”

Pas d’annonce formelle, pas de contrat sur la table. Mais un signal net : la volonté, chez les créateurs et l’un de leurs piliers, de poursuivre une œuvre laissée en suspens. Et si Netflix ne veut plus en entendre parler, d’autres pourraient se montrer plus réceptifs.

Une œuvre à part, sacrifiée sur l’autel de l’algorithme

Quand The OA apparaît sur Netflix en 2016, elle ne ressemble à rien d’autre. Brit Marling, également co-créatrice avec Zal Batmanglij, incarne Prairie Johnson, une jeune femme revenue d’un exil inexpliqué, revenue surtout d’un ailleurs aux frontières du tangible. La série navigue entre science-fiction, spiritualité, drame psychologique et chorégraphies rituelles — un objet télévisuel radicalement singulier.

Deux saisons plus tard, l’histoire bascule vers le métafictionnel : les personnages franchissent un seuil narratif et se retrouvent dans une dimension où ils sont les acteurs de leur propre série. L’ambition du projet est manifeste, pensée sur cinq saisons.

Mais à l’été 2019, Netflix décrète l’arrêt. Pas pour des raisons artistiques, mais économiques : coûts de production élevés, rythme jugé peu compatible avec les habitudes de binge-watching, taux de complétion trop bas selon les métriques internes. La plateforme, fidèle à son pragmatisme algorithmique, met fin à l’expérience.

Une mobilisation rare et un refus de compromis

L’annulation provoque une onde de choc. Pas seulement une protestation symbolique : The OA suscite une mobilisation organique, physique, visible. Flash mobs exécutant les fameux “mouvements” de la série, actions coordonnées sur les réseaux sociaux, pétitions, et même un panneau publicitaire en plein Times Square.

Netflix tente une sortie de secours en proposant un épisode conclusif. Zal Batmanglij et Brit Marling déclinent. Il n’était pas question de réduire une construction en cinq actes à une parenthèse expéditive.

Ce qui se joue aujourd’hui est fragile, mais réel. La persistance du lien entre Isaacs, Marling et Batmanglij n’est pas anecdotique. Elle confirme que The OA reste un projet vivant pour ceux qui l’ont porté. Et si Netflix n’est plus une option, le paysage audiovisuel a évolué : plateformes concurrentes, financements indépendants, formats hybrides.

Les deux saisons demeurent disponibles sur Netflix, vestiges d’une œuvre inachevée. Mais pour la première fois depuis longtemps, il y a plus qu’un souvenir : il y a une perspective.