Depuis plusieurs mois, BioWare n’a jamais semblé aussi fragile. Selon Insider Gaming, Electronic Arts aurait mené des discussions internes sur une possible vente du studio canadien après la sortie de Dragon Age: The Veilguard, dont les performances commerciales ont été jugées décevantes. En interne, l’ambiance est glaciale, et beaucoup craignent que l’histoire de BioWare ne s’arrête là.
De Baldur’s Gate à Anthem : une légende en perte de vitesse
Si vous jouiez déjà à la fin des années 90, impossible d’être passé à côté : Baldur’s Gate, KOTOR, Mass Effect, Dragon Age… Autant de titres qui ont façonné le RPG occidental et installé BioWare comme un studio culte. Sauf que depuis son rachat par EA en 2007, la machine s’est enrayée.
Certains projets ont tenu la route, d’autres ont pris la foudre. Anthem devait être le nouveau mastodonte multijoueur… il restera comme l’un des plus gros échecs de ces dernières années, au point que son relancement, baptisé « Anthem NEXT », a été purement annulé.
Même Dragon Age: The Veilguard, censé relancer la confiance, n’a pas atteint les objectifs fixés par EA. La suite, vous la connaissez : restructurations, licenciements, transferts d’équipes entières vers d’autres divisions, et un studio qui compte désormais moins de 100 employés.
Mass Effect comme dernière carte à jouer
Dans ce contexte déjà tendu, l’annonce du rachat d’EA pour 55 milliards de dollars par un consortium mené par le fonds souverain saoudien et Affinity Partners n’a rien arrangé. Un tel deal signifie presque toujours davantage de pression financière et une chasse aux « maillons faibles ».
BioWare, avec ses coûts élevés et ses résultats en demi-teinte, apparaît comme une cible évidente. Les analystes évoquent plusieurs scénarios : une fusion avec un autre studio EA, une réduction drastique d’activité, voire une revente pure et simple.
Pour l’instant, rien n’est confirmé. Mais en interne, les développeurs de BioWare avancent avec une forme de résignation. La majorité des effectifs encore en poste planche sur le prochain Mass Effect, en espérant que ce futur épisode suffira à prouver que le studio peut encore peser lourd. Comme l’a confié un employé à Insider Gaming : « on continue de travailler jusqu’à ce qu’on nous dise d’arrêter ». Un constat amer, qui montre bien que le destin de BioWare n’a jamais semblé aussi incertain.
Une hécatombe dans toute l’industrie
Le cas de BioWare n’est pas une exception : depuis deux ans, l’industrie du jeu vidéo traverse une vague de licenciements et de fermetures de studios sans précédent. En 2023, plus de 10 000 postes ont été supprimés dans le secteur, et la tendance s’est encore aggravée en 2024, malgré des profits records pour plusieurs éditeurs. Malheureusement, 2025 ne s'annonce pas plus joyeuse.
Du côté des fermetures brutales, on pense à Volition Games, créateurs de Saints Row, liquidé par Embracer Group après trente ans d’existence. Plus récemment, Tango Gameworks (les auteurs de Hi-Fi Rush et The Evil Within) a été fermé par Microsoft, un choc total puisque le studio venait de livrer l’une de ses meilleures créations. Toujours chez Microsoft, Arkane Austin, à qui l’on doit Prey mais aussi l’échec retentissant Redfall, a été sacrifié dans la foulée.
Chez Sony, même son de cloche : London Studio, connu pour Blood & Truth, a été fermé, tandis que plusieurs équipes de PlayStation Studios ont subi des coupes sévères. Epic Games, pourtant porté par le succès colossal de Fortnite, a licencié près de 900 employés en une seule vague.
Le paradoxe est cruel : jamais le jeu vidéo n’a rapporté autant d’argent, mais jamais la sécurité des développeurs n’a semblé aussi fragile. Dans ce contexte, voir un studio mythique comme BioWare vaciller n’est donc pas surprenant. Mais pour les fans de RPG narratifs, l’idée que Mass Effect ou Dragon Age puissent disparaître ou être dénaturés par des impératifs financiers reste une véritable douche froide.
