Et si Shrek devenait un ennemi d’État ? Le 26 mai 2025, des députés russes ont tenu une réunion officielle à la Douma (le Parlement), au cours de laquelle ils ont accusé les dessins animés occidentaux — Shrek, Monsters Inc, Le Grinch — d’avoir une influence “destructrice” sur les enfants russes. Objectif affiché : les interdire purement et simplement.
Ce que reproche la Russie à Shrek et compagnie
Pour les parlementaires, les personnages de ces films sont loin d’être des modèles. Ils sont parfois laids, grossiers, antisociaux — et pourtant, ce sont eux que les enfants admirent. C’est ce qu’a affirmé Yana Lantratova, présidente de la commission parlementaire sur la société civile, dans un discours rapporté par La Voce di New York.
“Ces personnages ne semblent pas mauvais, mais présentent des défauts physiques et de personnalité tout en étant glorifiés.”
Lors de la réunion, des diapositives ont été projetées pour comparer ces œuvres avec des dessins animés soviétiques jugés plus “vertueux”.
Mais l’affaire ne s’arrête pas à Shrek. La discussion a rapidement dérivé sur des accusations plus larges contre la culture occidentale. Le jeu Call of Duty: Modern Warfare 2 a été cité comme exemple de propagande anti-russe, notamment à travers la mission “No Russian”. Même le manga Death Note a été pointé du doigt pour ses “valeurs dangereuses”.
Une loi en préparation pour “protéger” la jeunesse
Pour Sergei Mironov, chef du parti “Une Russie Juste”, ce phénomène s’inscrit dans ce qu’il appelle une “guerre hybride culturelle”. Comme il l’a déclaré dans un discours cité par The Moscow Times :
“Si vous voulez vaincre l’ennemi, élevez ses enfants.”
- Actuellement, la Russie ne peut pas légalement interdire ces contenus étrangers. Mais Yana Lantratova a clairement indiqué vouloir “combler ce vide juridique” en proposant une législation pour “protéger les valeurs spirituelles russes”.
Cette initiative suit une tendance législative déjà amorcée : fin 2024, le pays a par exemple interdit la “propagande child-free”, accusée de nuire à la natalité nationale. Cette mesure, comme le rappelait Reuters, vise à réorienter la société vers un modèle familial “traditionnel”.