L’affiche semble taillée pour raviver les passions. Le retour de Superman face à la première apparition des Quatre Fantastiques dans l’univers cinématographique Marvel. Deux icônes, deux reconfigurations, un même enjeu – regagner la confiance d’un public qui, de plus en plus, détourne le regard. Car derrière les chiffres honorables de ce duel estival, c’est surtout l’érosion lente d’un genre qui se confirme.
Marvel joue gros, DC mise sur l’avenir
Le long-métrage Superman, dirigé par James Gunn, inaugure la nouvelle ère de DC Studios. Il engrange 125 millions de dollars aux États-Unis lors de son premier week-end. Un démarrage solide, sans être triomphal. En face, Les Quatre Fantastiques : Premiers Pas affiche 118 millions, un score équivalent, qui sauve la face d’un Marvel affaibli.
Si l’on se fie au box-office mondial, les deux œuvres se tiennent dans un mouchoir de poche : autour de 220 millions pour chacune. Sur le terrain critique, les deux films sont bien accueillis : plus de 80 % d’avis positifs sur Rotten Tomatoes.
Alors, qui a gagné ?
DC. Plus précisément, Superman l’emporte, à la fois sur le box-office, sur la symbolique du redémarrage, et sur sa cohérence artistique. Ce n’est pas une victoire écrasante, mais c’est une victoire nette.
Mais les chiffres, à eux seuls, ne racontent qu’une fraction de l’histoire. Aucun raz-de-marée. Aucune ferveur comparable aux grandes heures du genre. Ces lancements – réussis en apparence – trahissent une vérité plus profonde : l’usure d’un modèle.
Le genre super-héroïque face à son propre déclin
Chez Marvel, Les Quatre Fantastiques devait faire oublier l’échec retentissant de 2015 et réinsuffler de la fraîcheur à une franchise en perte de vitesse. Le film, situé dans une version rétrofuturiste des années 1960, rompt intelligemment avec la surenchère visuelle des précédents volets du MCU. Il intrigue, il séduit par endroits, mais il ne galvanise plus.
Du côté de DC, Superman s’inscrit dans un projet plus vaste : la refonte complète de l’univers cinématographique sous l’impulsion de James Gunn. Le jeune David Corenswet reprend le costume avec une sobriété bienveillante. Le film, soigneusement calibré, évite les faux pas. Et pourtant, le souffle semble mesuré, presque prudent. Comme si l’audace avait cédé la place à la nécessité de rassurer.
Et comment s’en étonner ? Cela fait plusieurs années que les super-héros ne sont plus les héros d’une époque, mais les vestiges d’un âge d’or. Un divertissement parmi d’autres, certes efficace, mais de moins en moins fédérateur. L’exception devient rare. La lassitude, elle, s’installe.
Le plus révélateur, peut-être, c’est l’indifférence relative avec laquelle ce « choc » a été accueilli. Autrefois, une telle confrontation aurait électrisé les réseaux sociaux, saturé les timelines, déclenché des files d’attente nocturnes. En 2025, elle suscite un intérêt poli, vite supplanté par les autres sorties estivales : Lilo et Stitch, ou le dernier Jurassic World, pourtant sans grande surprise.
Reste à voir si les suites prévues – Supergirl pour DC, Avengers: Doomsdaypour Marvel – parviendront à franchir ce plafond de verre. Rien n’est impossible. Mais désormais, rien n’est acquis.